L’art du concert : une expérience de l’écoute et de l’harmonie partagée

Être concertiste, pour moi, c’est avant tout une aventure humaine.
Au-delà de la virtuosité, au-delà même de l’instrument, il y a cette recherche constante : celle de la connexion. Connexion avec la musique, bien sûr, mais aussi avec ceux qui la font vivre à mes côtés et avec ceux qui l’écoutent.

Mon parcours s’est naturellement orienté vers la musique de chambre, cet espace privilégié où chaque voix compte, où l’écoute devient un acte créatif. C’est là que je me sens le plus pleinement musicien : au cœur d’un dialogue, dans le souffle partagé d’un accord, dans le silence tendu avant une entrée commune. La musique de chambre m’apprend chaque jour la patience, la confiance, la délégation du geste — cette manière de laisser l’autre respirer, de se fondre dans une harmonie qui nous dépasse.

En parallèle, je dirige également des ensembles, prolongeant ainsi cette vision collaborative dans un cadre plus large. Diriger, pour moi, ce n’est pas imposer une vision, mais la faire émerger collectivement, avec bienveillance et exigence. C’est être à la fois dedans et au-dessus de la musique : l’incarner tout en la surplombant pour en révéler la cohérence, la clarté, l’élan.

Mon métier de concertiste n’est donc pas celui d’un soliste isolé, mais celui d’une artisan de l’harmonie. Chaque projet est une conversation, chaque concert un moment d’équilibre fragile entre individualité et unité. Ce qui me touche le plus, c’est cette transformation silencieuse qui se produit lorsque plusieurs sensibilités se rassemblent autour d’une même intention : celle de faire naître, ensemble, quelque chose de plus grand que nous.

La musique comme une exploration perpétuelle

Je me considère avant tout comme un musicien curieux, un explorateur de sons et d’émotions. Ma pratique ne se limite pas à un instrument, ni à un style : j’aime traverser les frontières entre la chanson française, la musique classique et le baroque, avec toujours le même désir d’écoute et de découverte.

Je suis un touche-à-tout assumé : altiste, violoniste, violoncelliste, pianiste et chanteur. Chacun de ces instruments m’a appris une manière différente d’aborder la musique, un angle singulier sur le son, le souffle, la ligne. Cette diversité nourrit mon rapport à l’art : elle me permet de circuler librement entre les esthétiques, de faire dialoguer les mondes.

Dans la chanson française, j’aime la force du texte, la précision du mot, cette alliance entre poésie et sincérité.
Dans la musique classique et baroque, je trouve une architecture, une profondeur, une exigence qui m’inspire. Ces univers ne s’opposent pas en moi — ils se complètent, s’enrichissent, se répondent.

Ma démarche repose sur l’écoute et la connexion : écouter les autres musiciens, écouter le silence, écouter ce que la musique a à dire au-delà des notes. J’aime sentir la respiration collective d’un ensemble, cette harmonie qui naît de la patience et du partage.

Être musicien, pour moi, c’est être en mouvement. C’est chercher, expérimenter, relier. C’est accepter de ne jamais tout savoir, mais de toujours apprendre — des autres, des œuvres, de chaque instant de musique.